Éolien en mer : Parc obsolète avant d'être construit ?
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Alors qu’une rencontre publique sur l’avenir de la mer et du littoral c’était tenue le lundi 26 février aux Sables-d’Olonne et que jusqu’au 5 mars dernier n’était connu que le seul projet de parc éolien entre Yeu et Noirmoutier, comprenant 61 éoliennes ancrées au fond, mis au débat de la CNDP (Commission Nationale du Débat Public) depuis novembre 2023, pour une mise en service envisagée vers 2025 !
Le 6 mars, l’Etat a mis en avant, auprès des élus des territoires, une carte des zones propices au développement de l’éolien en mer dans les prochaines années. Cette carte présente (totale nouveauté !) une zone étendue, située principalement au large (moins de 15 kms) de Saint-Gilles et Les Sables, et descendant très au sud. Carte consultable sur le blog Twitter de L’association vendéenne des élus du littoral.
Cette publication a suscité un tollé général auprès des élus de tous bords, soulignant « un débat public déjà très mal engagé », « le mépris de l’Etat », « certains zonages frôlant l’indécence ». Certains élus ont même demandé à ce que soit privilégiée l’étude de projets flottants (plus éloignés des côtes), alors même que le dérèglement climatique en rend le devenir fort délicat à assurer !
Pourtant le développement de l’éolien en mer n’est pas sans aléa !
L’idée de réduire les impacts, notamment en choisissant de développer au large, avec l'éolien flottant, qui n ‘en est pour l’instant qu’au stade expérimental, permettrait elle de réduire les impacts ?
Il est fort à craindre qu’il n’en soit rien, avec le réchauffement climatique, il y aura plus d'énergie dans l’atmosphère, ce qui amènera à nos latitudes, des phénomènes météorologiques extrêmes comme des cyclones ou de fortes houles.
Ce qui rend très incertain les projets d'éolienne flottants en mer, et plus généralement les projets d'éoliennes en mer, qui ne résisteront ni à des vents cycloniques ni à des houles de forte amplitude, mais leur construction laisserait un impact de grande importance sur la biodiversité et les fonds marins creusés pour l’implantation des socles nécessaires à leur fixation et des tranchées réalisées pour le passage des câbles de transport d’énergie.
Les manœuvres de l’Etat, qui ressemblent fort à un passage en force, n’y changeront rien!
Dans le contexte des débats publics qui s’ouvrent sur l’énergie, l’ADLJ, vous fait part de son point de vue concernant le développement de l’éolien en mer.
Le milieu marin n'est pas en bon état aujourd'hui, son mauvais état est directement lié aux pressions des activités humaines actuelles, comme l’ont illustré les récentes tempêtes qui ont charrié sur nos côtes de nombreux microplastiques. L’impact de l’éolien en mer va donc se cumuler avec les impacts existants.
Pourquoi ne pas investir dans une production d’énergie décentralisée, proche du lieu de consommation, au lieu d’investir en production d’énergie qui consomme une grande partie de sa propre production pour la transporter ?
En Janvier 2024, l’équipement éolien de la France est à la fois tardif et ambitieux : est projetée une puissance générée de 50 000 Mégawatts (MW) en l’an 2050.
Avec la technologie utilisée de 6 MW unitaires, un parc éolien marin de 80 unités produit, au maximum, 480 MW, soit moins de la moitié d’un réacteur nucléaire.
Avec la technologie utilisée de 8 MW unitaires, un parc éolien marin de 62 unités produit, au maximum, 496 MW (488 MW avec 61 opérationnels) soit moins de la moitié d’un réacteur nucléaire.
Sont prévus en mer sept parcs éoliens nationaux, soit une puissance maximale de moins de trois réacteurs et demi.
Pour mémoire, les pics de consommation électrique nationale en janvier 2024 avoisinent 80 000 MW, couverts à plus de soixante pour cent par les réacteurs nucléaires.
Les parcs de la façade atlantique sont tous situés sur le plateau continental qui est étroit, ce qui limite leur éloignement de la côte, augmentant ainsi leur visibilité pour les communes riveraines de celle-ci.
L’absence de plateau continental en mer Méditerranée n’y permet que l’éolien flottant, encore expérimental.
Le parc Yeu-Noirmoutier :
Après que le Conseil d’État a débouté les opposants, le chantier a débuté en décembre 2023 :
Un navire spécialisé plante, en préalable, dans le sol sous-marin les supports de la station électrique marine vers laquelle convergeront tous les câbles provenant des 62 éoliennes prévues. Par la suite, les 61 fûts d’acier de 9 000 tonnes des éoliennes seront successivement plantés dans le fond marin.
Comme pour les autres parcs français, on reproche à ce parc une technologie qui serait déjà obsolète pour ses générateurs de 8 MW (6 MW à St Nazaire) au lieu des puissances de 12 et 16 MW utilisées à l’étranger, comme, par exemple pour le projet Dogger Banks dont la première tranche de 1 200 MW vient d’être livrée à 130 km à l‘Est des côtes anglaises, pour un total de 3600 MW.
Depuis cette station électrique du parc Yeu Noirmoutier, la production sera acheminée à terre en courant alternatif par trois câbles. Chacun sera enterré dans une tranchée individuelle du sol marin, bien séparée des autres pour limiter les pertes de puissance.
A comparer avec les derniers parcs étrangers mis en service, où le transport est réalisé en courant continu, par deux câbles de moindre diamètre, placés dans la même tranchée.
D’après les études d’impact commandées par le promoteur, les faune et flore marines, perturbées lors du chantier, recoloniseraient rapidement les lieux.
Les mammifères marins, eux, sont surveillés afin qu’ils n’endommagent pas leurs capacités auditives en s’approchant trop des sources de bruits impulsionnels du chantier (chocs associés à l’enfoncement des fûts, …).
En ce qui concerne la faune volante, le recensement des dommages est difficile car les victimes de collision coulent. Néanmoins, ont pu être recensés sur la plateforme de l’éolienne flottante expérimentale au large de Le Croisic, des impacts de chauve-souris. Au grand étonnement des chercheurs, ces animaux migraient nuitamment d’île en île !
Ces aléas sont communs aux éoliennes marines et terrestres.
Pour minimiser l’impact sur les chiroptères, il faudrait n’activer les pales qu’à partir de 40 km/h de vent, quand ces animaux cessent de voler.
Aspect financier :
Les parcs éoliens marins n’attirent plus les investisseurs car le coût de production du MWh, fixé à 15 Euros, ne devient plus rentable.
Ces générateurs sont d’autant plus gourmands en métaux rares que leur puissance augmente. Les projets d’éoliennes de plus de 250 mètres de hauteur (environ 80 étages !) sont arrêtés.
De plus, ces parcs de production sont souvent éloignés des lieux de consommation, induisant une refonte de la structure d’acheminement de l’énergie produite.
Pour une éolienne marine de 6 MW, le coût d’installation individuel serait de 25 Millions d’Euros. Sa durée de vie prévue est de 23 ans.
De plus, le parc de St Nazaire, par exemple, nécessite une station de maintenance regroupant, à La Turballe, outre des navires d’intervention, 130 techniciens hautement spécialisés dans ce métier à risque.
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Bibliographie :
« Les fantômes de la nuit », de Laurent Tillon, chercheur de l’Office National des Forêts.
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